Catherine Elsen, nouvelle administratrice de Wallonie Design

Catherine Elsen est professeure à l’ULiège et dirige le laboratoire de recherche Inter’Act. À l’occasion de son entrée au conseil d’administration de Wallonie Design, nous l’avons interviewée.

Catherine Elsen a réalisé son master et son doctorat à la Faculté des Sciences Appliquées (Ingénierie architecturale) de l’ULiège. Son appétence pour le design se marque dès le début de son parcours académique et s’affirme au fur et à mesure de sa carrière, en particulier via sa thèse de doctorat, pour être aujourd’hui l’objet de ses recherches : elle a créé en 2020 Inter’Act, un laboratoire multidisciplinaire qui évolue dans le champs du « Design Research », avec une composante centrée sur l’usager et dont les projets visent à résoudre des problématiques concernant l’architecture, les environnements bâtis et non bâtis, etc.

Catherine Elsen est également une des huit premiers membres du Collegium de l’Académie Royale de Belgique.

Pouvez-vous nous expliquer votre relation au design, qui jalonne votre carrière depuis vos études ?

Dès l’adolescence, le design m’attirait. J’ai pu le rattacher à mes études d’ingénieur-architecte au moment de mon mémoire : le sujet touchait au processus créatif et cognitif des designers produits. Ensuite, j’ai exploré plus en profondeur le sujet grâce à ma thèse, qui interrogeait la médiation en design industriel via les perspectives de l’ingénierie de conception (à lire ici). Dans le cadre de mon doctorat, j’ai pu me former en sciences du travail et de la société (CNAM, Paris) afin d’acquérir les compétences complémentaires en approches centrées usager. À ce moment-là, le design (surtout industriel) restait pour moi un objet d’analyse.

Je découvre le design thinking au fil de mon post-doctorat au MIT. Rentrée à Liège, je deviens chargée de cours, une position m’offrant carte blanche du côté de la recherche. J’ai envie d’implémenter le design thinking en Wallonie, alors que le territoire est dynamisé par Creative Wallonia, et lance une série d’événements sur le sujet ainsi que des accompagnements d’entreprises.

Ensuite, je décide de rapatrier la question du design dans la recherche fondamentale et de revenir à l’ADN du design thinking. J’envisage alors le design comme une méthode centrée usager et je souhaite que la recherche se réalise par et à travers le design. J’organise en ce sens des séminaires pour les chercheur·ses de tous les domaines ; on retrouve alors la multidisciplinarité prônée par le design thinking autour d’un objet, ici la recherche, boosté par le design.

Depuis, je continue avec mon équipe à investiguer dans cette voie et je suis à présent entrée dans une autre phase de ma perception du design : le design comme posture professionnelle au service de la recherche (« Research through Design »).

Quelles sont vos relations avec Wallonie Design ?

J’ai contacté Wallonie Design dès mon mémoire pour être mise en contact avec des designers. J’ai réitéré cette démarche lors de ma thèse. Par la suite, le contact s’est maintenu et nous avons collaboré sur différents projets. Par exemple, j’ai été invitée à intervenir lors d’une conférence aux côtés de Tom Kelley (CEO d’Ideo) organisée par Wallonie Design ; à apporter mon expertise pour le projet FiT’In ou encore à créer avec deux autres collègues le lexique du design.

Pourquoi intégrer le conseil d’administration de Wallonie Design et que voulez-vous y insuffler ?

C’est tout d’abord un grand honneur. J’ai toujours admiré le travail de Wallonie Design et la direction de Clio Brzakala, qui maintient et réinvente sa structure depuis 20 ans. Wallonie Design m’a apporté bien de choses, je souhaite à présent rendre la pareille en m’impliquant en tant qu’administratrice.

J’aimerais aider les designers, surtout la jeune génération, à s’emparer de leur plein potentiel et le mobiliser comme étant autant de cordes à leur arc. Je constate que peu de designers osent assumer le fait que leur métier est tellement plus que ce qu’on leur a appris. Je vois donc un gros chantier à lancer autour de l’enseignement du design en Wallonie.

Et en plus de cela, je souhaite être une ambassadrice-chercheuse. Puisqu’on peut faire de la recherche par le design et que les designers peuvent être acteurs de la recherche sans être eux-mêmes chercheurs, j’aimerais inciter les designers à prendre part à des consortiums actifs en recherche, pour enrichir chaque démarche scientifique de leur posture.

Vous avez un message pour les designers…

Votre métier fait de vous des experts de l’approche centrée usagers. Cette expertise et les outils liés, pourtant encore méconnus, sont de plus en plus utiles que ce soit dans les projets d’entreprises, de services publics ou au niveau européen. Ils doivent être mieux maitrisés, vulgarisés et visibilisés. J’invite donc les designers les plus intéressés et curieux à continuer à monter en compétences en Research through Design, très prometteuse dans de multiples secteurs.

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